#19 Trouville, la rue de Paris

17.1.18

Trouville, la rue de Paris circa 1900
Chaque jour, vers onze heures, les estivants se retrouvent ici, non seulement pour afficher leur garde robe sans cesse renouvelée, mais également pour s'échanger les derniers potins. Ce n'est pas pour rien que le lieu se nomme "la Potinière" ! On se retrouve parfois aussi au Bar Américain que l'on aperçoit derrière. Le soir, des orchestres s'installent et distillent leur musique entraînante... Pour l'heure, tout un chacun semble absorbé par la lecture de la nouvelle du jour. De quoi s'agit-il donc ? Un rebondissement dans l'affaire Dreyfus ? Les dernières frasques de Sarah Bernard ?

Nous sommes au coin de la rue de Paris et de la promenade des Planches bordant la plage de Trouville. La rue de Paris la bien nommée car à la Belle-Époque, le tout Paris s'y retrouve. Menant à la mer, la rue est bordée d'enseignes prestigieuses et commerces de luxe où se pavanent les messieurs dames distingués de l'aristocratie parisienne. C'est en quelque sorte la rue de la Paix de Trouville. Tout commerçant parisien qui se respecte se devait d'y avoir sa succursale ouverte le temps de la saison ; ils suivent ainsi leur riche clientèle venue s'adonner aux plaisirs des bains.  Monsieur Eugène et sa famille n'échappent pas à la règle.

Car le temps est venu de dévoiler enfin le métier de notre héros ! Ou tout au moins son premier métier. Son grand-père paternel, originaire du Pas-de-Calais, s’installa comme horloger à Paris en 1845. Son fils ainé – le père de Monsieur Eugène donc – lui succèdera et joindra à l'horlogerie, la joaillerie puis la bijouterie et en fera une entreprise très prospère et reconnue sur la place parisienne. Monsieur Eugène, en tant que deuxième fils du précédent, ne put prétendre à la reprise en direct de la florissante affaire qui échut à son frère ainé ; mais il y fera ses armes et sera associé à la direction d’un atelier spécial pour l’orfèvrerie et la bijouterie en argent, auquel il ajoutera la fabrication du bijou d’or estampillé. Eh oui, notre photographe était bijoutier ! Et il était associé dans la boutique ouverte à Trouville par son frère ainé.

Il ne reste pas grand chose aujourd'hui de la grandeur de la rue de Paris. La construction du casino de Deauville, et le succès de la ville voisine à partir des années 1910-1920 en ont sonné le glas. Les boutiques de luxe ont fermé une à une, remplacées par des habitations.

Vous aimerez aussi…

2 commentaires